L’arrêt
du dernier procès en appel de 2017 de la juge Claudine FORKEL a considéré qu’aucun
avion civil ou militaire n’avait survolé le site du pôle chimique au moment de la catastrophe.
Pourtant, plusieurs témoignages du dossier parlent d’un avion provenant de l’Est
de Toulouse passant au-dessus du pôle chimique au moment de l’explosion. M.
Léon CAILLAUX qui habitait dans le quartier de la Faourette au 4ème
étage face à ce pôle a pu prendre deux photographies de cet avion juste après avoir
entendu un premier bruit d’explosion et une photographie du même avion une à deux minutes après l’explosion du hangar 221 de l’usine AZF.
Or
depuis la fin du premier procès, ce témoin ne parvient pas à récupérer ses photographies
originales (négatifs et papiers) pourtant versées au dossier judiciaire en
juin 2004 selon Me Jean-Luc FORGET, avocat de l’association AZF Mémoire et Solidarité
à qui il les avait confiées en mars 2004 avec promesse de restitution. Le PV de
réception du SRPJ de Toulouse du 10 juin 2004 (pièce D5209) existe bien mais il
ne précise pas si les originaux du témoin sont bien là et il ne mentionne que 9
photographies et non 12.
Malgré
de nombreuses démarches, avec ou sans avocat, ni le SRPJ de Toulouse, ni le
Procureur de la République de Toulouse, ni la Cour d’Appel de Paris qui détient
actuellement le dossier AZF-Toulouse, ni le Ministère de la Justice ne veulent
lui répondre. Ce témoin a prévenu plusieurs ministères et la Présidence de la
République qui renvoient toutes ses demandes auprès de la Garde des Sceaux, Nicole BELLOUBET.
Pourquoi,
la justice française semble lui refuser de répondre et de rendre ces photographies originales ?
DOCUMENTS :
>>> Voici
la 3ème photographie de l'avion prise par Léon CAILLAUX quelques dizaines de secondes
après l'explosion, la seule copiée dans le dossier judiciaire, les deux
premières photographies de l'avion n'ayant jamais été mentionnées.
>>> Dans
le paragraphe de l'arrêt de la Cour d'Appel de Paris « Les investigations sollicitées », la juge Claudine
FORKEL a écrit qu'aucun avion n'a survolé le site au moment de l'explosion :
Arrêt du 31 octobre 2017 par la Cour d’Appel
de Paris
De
très nombreuses vérifications étaient effectuées auprès des deux aéroports se
trouvant à proximité de l’usine : l'aéroport civil de TOULOUSE BLAGNAC et la
base aérienne de FRANCAZAL. Elles s'avéraient totalement négatives auprès de
l'aviation civile où les investigations menées démontraient qu'aucun avion n'avait survolé le site de
GRANDE PAROISSE au moment de l'explosion.
En
revanche, deux mouvements d'hélicoptère avaient eu lieu sur la base militaire
de FRANCAZAL :
- un
hélicoptère PUMA avait atterri aux alentours de 1Oh10 et se trouvait encore en
phase de roulage, jusqu'au parking, lorsque l'explosion était intervenue, amenant
le commandant HEITZ, son pilote, à couper les moteurs selon une procédure
d'arrêt rapide ;
-
un hélicoptère écureuil de la gendarmerie avait décollé du même endroit à
10h27, survolé le site de GRANDE PAROISSE et était revenu à la base ou il avait
atterri à 10h41. Son pilote, le capitaine CHAPELIER, expliquait avoir pris
cette initiative après avoir entendu le bruit de l'explosion afin de pouvoir
informer les autorités.
>>> Voici
trois témoignages dans l’ordre chronologique du vol de cet avion provenant de
l’Est de Toulouse et allant vers le pôle chimique et la zone du témoin qui a photographié l'avion.
1/ Pièce D6550, audition du 14 janvier 2005 de Mme Simone
M. à Ramonville
Le vendredi
21 septembre 2001 dans la matinée, je me trouvais à mon domicile de Ramonville Saint-Agne.
Vers 10h15 – 20 je suis sortie dans mon jardin pour faire des conserves. Je
suis certaine de ce détail car j’avais besoin de l’heure pour porter et
maintenir l’eau à ébullition. Soudain ma mère, qui est âgée de 93 ans, et qui
se trouvait à la fenêtre de sa chambre, au rez-de-chaussée, m’a appelé pour
attirer mon attention. Je me suis retournée dans sa direction pour savoir ce qu’elle
voulait car elle pointait son doigt vers le ciel. Je me suis tournée vers ce qu’elle
désignait et j’ai vu un
avion qui passait dans notre champ de vision et qui volait à une altitude
anormalement basse.
Pouvez-vous nous dire de quel type d’avion il s’agissait ?
Cet avion sur
les tons gris foncé ne m’a pas paru être un avion de ligne mais plus vraisemblablement un avion
militaire. Par ailleurs, le bruit des moteurs de cet avion m’a rappelé « le
bruit que faisait les avions pendant la guerre ». Je n’ai vu aucune
inscription. Je ne me suis pas attardée à détailler cet avion car j’ai tout de
même perçu, immédiatement, malgré sa basse altitude, qu’il n’allait pas s’écraser,
du moins à proximité de nous. Le bruit des moteurs était fort mais régulier. Il
n’avait pas de ratés. Cet avion avançait lentement. Il n’avait pas une grande
vitesse.
De quelle direction venait cet avion et vers où se dirigeait-il
lorsque vous l’avez eu dans votre champ de vision ?
Par rapport à
ma position dans mon jardin, l’avion venait de l’Est et de dirigeait vers l’Ouest. Je l’ai tout d’abord
vu passer sur les champs, ensuite au-dessus de ma maison puis au-dessus des immeubles
de Port-Sud. Il arrive que des avions de ligne passent dans ce couloir mais cet
assez rare. La plupart du temps ils sont sur une trajectoire plus au Sud et ne
passent pas sur ma maison. J’ai d’autant plus remarqué ce détail qu’il était bas. Ma maison
jouxte le Canal du Midi entre celui-ci et l’autoroute. Cet avion ne faisait pas
du rase motte tout de même car il a fallu qu’il passe avant d’être chez moi au-dessus
de la ligne à haute tension qui est implantée dans les champs entre l’autoroute
Toulouse-Narbonne et mon domicile, puis au-dessus des platanes. Tout cela est
géographiquement rapproché.
Cet aéronef pouvait-il être un hélicoptère ?
Absolument
pas. Je sais faire la différence. C’était un avion soit de ligne soit
militaire. Je ne peux pas préciser ce détail. Par contre il ne s’agissait pas
de façon certaine d’un de ces types d’avion de tourisme que l’on peut voir à
Lasbordes.
Avez-vous vu des hélices, pâles ou des réacteurs ?
Je ne peux
pas préciser ce détail non plus. Par contre « au bruit » je dois dire
que je n’ai pas reconnu le sifflement caractéristique des réacteurs
.
Avez-vous remarqué des hublots sur cet avion, une
immatriculation, un dessin caractéristique ?
Non rien du
tout ça ; comme je vous l’ai dit je ne l’ai pas détaillé et de plus je ne l’ai eu dans mon champ de
vision que quelques secondes, une dizaine tout au plus. Je me suis remise
à mon travail et pratiquement de suite j’ai entendu une première grosse explosion et je
me suis mise à crier « l’avion est tombé ». J’ai immédiatement fait
la relation avec l’avion qui venait de passer au-dessus de chez moi, à très
basse altitude. D’autant plus que cette première explosion avait un bruit
fracassant de ferraille. Dans le même temps je me suis mise à courir vers les
berges du canal, car pour moi l’avion était tombé sur Ramonville Saint-Agne.
Arrivée à l’angle de ma terrasse s’est produit une seconde explosion qui m’a clouée sur place. C’était
un bruit sourd qui semblait jaillir de terre. Simultanément la terre s’est
mise à trembler sous mes pieds et le ciel grondait également.
Avez-vous été jetée à terre par cette explosion ?
Je n’ai pas
chuté malgré ces tremblements de terre et ces grondements. Je dois ajouter qu’après avoir reconstitué les
faits dans mon jardin je suis en mesure de vous indiquer qu’entre la première explosion
et mon déplacement en courant jusqu’à l’angle de la terrasse, où j’ai ressenti
le « tremblement de terre » de la seconde explosion, il s’est écoulé exactement sept
secondes. Il m’a semblé que cette seconde explosion venait de terre et s’évacuait
vers le ciel. Ces deux explosions étaient différentes par leur bruit.
Avez-vous été blessé ?
Non.
Avez-vous eu à déplorer des dégâts à votre habitation ?
Non, seules
deux ou trois étagères sont tombées à terre.
Pouvez-vous préciser le temps écoulé entre le moment où vous
perdez l’avion de vue e la première explosion ?
Il m’a semblé
que tout cela était assez rapide mais je ne suis en mesure de vous préciser ce
laps de temps. Je pense tout de même qu’il n’a pu s’écouler que très peu de
temps car immédiatement dès la première explosion j’ai fait la relation entre
celle-ci et le passage de l’avion à une altitude anormalement basse. Je dois
préciser que je n’étais pas inquiète pour cet avion ; je n’ai jamais pensé qu’il
allait s’écraser lorsqu’il est passé au-dessus de mon domicile. D’ailleurs je
suis revenue vaquer à mes occupations mais sans avoir le temps de faire quoique
soit car pour moi tout cela a été quasiment simultané.
Mme Simone M. a écrit une lettre manuscrite au député-maire
de l’époque Philippe DOUSTE-BLAZY pour raconter son témoignage dès le 1er
octobre 2001, soit moins de neuf jours après la catastrophe. Le député-maire
lui a répondu qu’il avait transmis son courrier au SRPJ. Mais sa lettre n’a
jamais figuré au dossier avant qu’elle ne communique un double de cette lettre en 2004 au SRPJ.
2/ Pièce D6550, audition du 7 mai 2004 de Mme Hélène T.
travaillant à l’Hôpital Marchand
Pouvez-vous au préalable nous indiquer où vous
vous trouviez lors de l'explosion de l'usine « A.Z.F. » et comment avez-vous
perçu ce phénomène ?
Au moment de l'explosion, j'étais au pavillon Delaye de l'hôpital Marchant,
au premier étage, soit à quelques centaines de mètres du site de l'usine « AZF ».
L'explosion a eu lieu vers dix heures vingt. Au niveau visuel, je n'ai
absolument rien vu. J'ai
entendu comme une explosion interne mais qui ne nous a pas touché puis une dizaine
de secondes plus tard une seconde explosion plus forte accompagnée d'un effet
de souffle qui a endommagé beaucoup de choses comme les vitres, les montants
des fenêtres. J'ai moi-même été projetée dans le couloir. Avec mes
collègues nous sommes sortis du bâtiment deux ou trois minutes plus tard, et
nous sommes restés devant le bâtiment Delaye avant d'aller dans la cour.
Mais
de dix à vingt secondes
avant l'explosion, j'ai nettement entendu un moteur d’avion.
Etes-vous à même d'être plus précise
quant à ce bruit d'avion ?
Bien
entendu. Pour moi il s'agissait du bruit d'un avion qui coupe les gaz ou en
tout cas qui ralentit excessivement, et pas le bruit d'un avion qui vole
normalement comme nous en avons l'habitude de les entendre pour être à
proximité des couloirs aériens de Blagnac. Et plus précisément le régime du
moteur me semblait tellement bas que j'ai pensé qu'il allait s'écraser, en tout
cas qu'il y avait quelque chose d'anormal au-dessus du coin. Je me suis alors
mise à la fenêtre et j'ai
aperçu au-dessus de l'usine, un avion qui volait et j'ai ressenti une telle
sensation de danger que je me suis remise au mail que j'écrivais au moment où
la première explosion a eu lieu.
Pouvez-vous nous indiquer ce que vous avez
vu précisément avant de vous remettre à la rédaction de votre message
électronique ?
Dans
mon souvenir, il s'agit d'un avion et pas d'un hélicoptère. Cet avion était de couleur gris
clair, ressemblant à un avion militaire puisqu'il n'y avait pas de fenêtres,
mais je ne pourrais être plus précise, notamment quant à la taille ou à tout
autre élément pouvant permettre de l'identifier. Il volait à quelques dizaines de mètres de hauteur en
provenance du Sud-Est et allant vers le Nord-Ouest, plutôt à basse-vitesse.
Du bâtiment où je me trouvais, je l'ai situé au-dessus du site « A.Z.F. », dans
sa partie nord que nous apercevons du bureau. J’ai eu également la sensation qu'un truc noir tombait de
l'avion, toujours au-dessus du site. Il s'agissait d'une masse noire pas
importante mais néanmoins visible d'où j'étais. Je pense que ce « truc »
avait en gros la forme d'un tube et pouvait mesurer deux mètres environ.
C'était beaucoup plus petit que l'avion. En tout cas c'est comme ça que la
scène est gravée dans mon esprit. Je vous précise que j'ai vu tout cela
fugitivement, avant donc de me remettre en catastrophe au mail que je voulais
envoyer.
3/ Pièce D5195, audition du 13 mai 2004 de M. Léon
CAILLAUX qui a pris un avion en photo.
Aux
jour et heure de l'explosion, je me trouvais sur mon balcon au quatrième étage
du 16 rue Jules Amilhau à TOULOUSE. Je ne suis pas en mesure de vous préciser
l'orientation de mon balcon qui donne sur des arbres puis dans la trajectoire
de l'usine AZF. L'endroit correspond également manifestement à un couloir
aérien. Sur mon balcon, j'ai
entendu une première détonation suivie après un temps que je ne peux
préciser, d'une seconde
déflagration. Entre ces deux explosions j'ai eu le temps d'aller chercher
un appareil photographique jetable qui se trouvait sur un meuble intérieur
proche du balcon, dans mon appartement. Je crois que j'ai réussi à prendre une
première photographie avant l'arrivée sur moi d'un nuage de poussière orangé
qui sentait l’odeur proche de l'ammoniac et du chlore. J'ai en fait photographié
les arbres qui se trouvaient face à mon balcon. J'ai pris peur et je suis
rentré à l'intérieur de mon domicile sans être blessé. J'ai constaté que les
vitres de ma porte de mon balcon ont été brisées, ont été également dégradés
les volets en PVC du balcon et de la fenêtre de la cuisine.
Puis,
je suis ensuite revenu sur mon balcon et j'ai pris en photo les dégâts car je voulais
ainsi prouver le préjudice que je subissais auprès de ma compagnie d'assurance.
Je
vous précise que j'ai
également eu le temps de prendre en photo un gros avion qui passait au-dessus de
mon immeuble entre les deux explosions, je suis formel sur ce point.
Actuellement je ne dispose plus que des photographies propres au dégâts
occasionnés à mon domicile. Les autres photographies représentant les arbres,
l'avion, ont été remises à la commission AZF et plus précisément à M. Michel
BOUCHARDY comme l'atteste le document que je vous présente daté du 26 avril
2004 et rédigé à mon intention par l'association AZF Mémoire et Solidarité
Commission Vérité. Je ne peux vous dire combien de photographies j'ai pris des
arbres il y en a un paquet, par contre j'ai fait deux clichés, pas plus, de l'avion qui volait
au-dessus de nous entre les deux explosions.
Je
suis resté dans mon domicile et j'ai vu se diriger en premier un effectif des
pompiers vers les lieux.