jeudi 9 juillet 2015

AZF : Les datations téléphoniques contredisent les experts judiciaires


Après examen exhaustif et détaillé des pièces du dossier judiciaires relatives aux datations téléphoniques, il apparaît clairement que l’heure de l’explosion d’AZF a eu lieu après 10h18’04 et non à 10h17’55 comme cela a été annoncé dès le début par les experts judiciaires !
Les factures détaillées de France-Télécom ont l’immense mérite d’être fiables à la seconde près en heure absolue. Raccrochés, décrochés et durées de communication sont donc détectés et archivés à la seconde près. Cette précision temporelle importante est confirmée dans la lettre du fournisseur en téléphonie de Grande Paroisse, NextiraOne, pièce D6279 Annexe 47.
L’ensemble des datations de communication issues de l’usine AZF-Toulouse au moment de la catastrophe (10 cas au total), ainsi que le seul cas de datation téléphonique communiqué à la justice par un témoin extérieur à AZF, permettent de prouver, en les confrontant aux déclarations des témoins concernés par ces appels, que l’heure de l’explosion d’AZF-Toulouse est nécessairement après 10h18’04 et non à l’heure de 10h17’55.455 comme annoncée par les experts judiciaires depuis 2005.
Le PABX de l'usine AZF s'est arrêté de fonctionner après 10h18'09 alors qu'il a été retrouvé arraché dans son local qui était très proche du cratère (moins de 250 mètres). Les dernières communications du personnel sont également stoppées à 10h18'09.
Aucune datation téléphonique n’a pu être compatible avec la datation de l’explosion d’AZF des experts !
De plus, plusieurs demandes d’investigations effectuées avant la clôture de l’enquête, à la fois sur ces datations et sur l’autocommutateur téléphonique d’AZF sont restées sans réponse jusqu’à aujourd’hui… !

Ces états de faits sont surprenants et graves et remettent bien sûr en cause la date exacte de l'explosion du tas d'ammonitrate du hangar 221 d'AZF. Ils confirment l'apparition du premier bruit d'explosion quelques secondes avant 10h18 et celui d'AZF après 10h18'04. Ils sont donc en accord avec le fait que le premier séisme de magnitude 3.4 ne peut être associé avec l'explosion d'AZF et qu'il concerne donc un autre événement d'origine souterraine.

Il apparaît évident qu’une réouverture et un très gros complément d’enquête sont nécessaires pour analyser et comprendre tous les faits constatés par cette piste téléphonique.


I - Les documents du dossier judiciaire


Voici l’ensemble des documents avec datations téléphoniques que contient le dossier judiciaire AZF-Toulouse au moment des événements de la catastrophe d’AZF. Ces informations sont issues des pièces D5202, D6279 et D6295 du dossier. Aucune autre datation se trouvant dans la minute précédant et dans la minute suivant les événements (de 10h17 à 10h19) n’a pu être trouvée dans le dossier.
Cette approche sur les datations téléphoniques a été réalisée dans le dossier judiciaire par quatre acteurs différents :

-  Le SRPJ de Toulouse a sommairement collecté un listing incomplet des datations téléphoniques lié à l’usine AZF-Toulouse et n’a jamais été au-delà de cette collecte.

-  Les experts judiciaires Pierre Mary et Paul Robert ont mentionné les datations téléphoniques complètes concernant l’usine AZF-Toulouse (document extrait essentiellement de la pièce D6279 page 60 et 61) mais n’ont jamais cherché à les étudier.

-  La société Grande Paroisse a mentionné des remarques importantes sur la base des derniers appels sortants de l’usine AZF-Toulouse (pièce D5502). Le directeur de l’usine Serge Biechlin et le responsable électricien de l’usine Jacques Palluel ont, à plusieurs reprises lors de confrontations avec les experts judiciaires, évoqué ces problèmes de datations téléphoniques. Le cabinet Soulez-Larivière a également réalisé plusieurs demandes relatives à ces datations. Ces demandes sont restées sans réponses de la part du SRPJ de Toulouse.

-  Le mathématicien Jean-Marie Arnaudiès, contributeur de plusieurs rapports techniques dans le dossier judiciaire, a fourni le cas de deux témoins couplés téléphoniquement : Philippe Efferméant et M. Rigaud (D6295). M Efferméant a fourni à la justice une attestation judiciaire extrêmement détaillée. M. Arnaudiès a aussi étudié de près le cas des deux employés d’AZF M. Brunel et M. Bruler en communication avec l’extérieur au moment des événements. Les experts judiciaires ont étrangement refuser de répondre directement aux importantes questions soulevées par M. Arnaudiès sur ces problèmes de datations téléphoniques.
   


Listing fourni par NextiraOne et comportant l’ensemble des dernières datations des communications sortantes
depuis l’usine AZF-Toulouse (pièce D6279 page 60 et 61).
- La première colonne mentionne le numéro du destinataire de l’appel depuis l’usine.
- La seconde indique la grande ville la plus proche du destinataire ainsi que le nom de l’opérateur Gsm dans le cas d’un appel vers un mobile.
- La 3ème colonne mentionne l’heure exacte à la seconde près du début de la communication, correspondant à la date exacte du décroché de l’appelé.
- La 4ème colonne mentionne la durée exacte à la seconde près de la communication.
- Il a été rajouté sur le document en rouge, l’heure de la fin de la communication à partir du début et de la durée de la communication. Elle correspond à la coupure de la communication qu’elle soit de l’appelé ou de l’appelant, et ce, à la seconde près.
- En vert, sont mentionnées, les heures des dernières coupures de communication qui ont eu lieu avant 10h17’30.
- La dernière heure de coupure enregistrée est à 10h18’09 à la seconde près.
- Puis au même niveau de la ligne a été reporté sommairement les noms de l’appelant et de l’appelé quand ceux-ci ont été retrouvés, ainsi que les pièces judiciaires correspondant à leur audition, attestation ou autre déclaration.
- Une croix x a été mis lorsque ces interlocuteurs n’ont pas pu être identifié. Il se peut que pour certains cas, ce soit des télécopieurs.

La page photographique suivante localise les appelants en jaune avec leur heure de coupure respective.


Il y a été rajouté le nom d’une personne qui affirme avoir appelé au dernier moment avec un téléphone de l’usine mais dont le traçage n’a pas pu avoir lieu de manière certaine (Mme Giméno).


II - Le travail du SRPJ : extrêmement et bizarrement limité


A la demande du commissaire principal Philippe Malon, le SRPJ de Toulouse a sollicité le 28 Septembre 2001, auprès d’un organisme inconnu (France Télécom, AZF ou tout simplement ses ressources internes… le dossier ne le mentionne pas ?) un listing des derniers appels entrants et sortants sur le numéro 05 62 11 45 00 du site AZF avant 10h17 (pièces D638)..

Ce sera tout pour le traçage téléphonique du SRPJ concernant l’heure de la catastrophe !

Aucune autre information de ce type issue provenant de France Télécom sur l’ensemble de la ville, des opérateurs Gsm ou d’autres opérateurs privés ou intra-professionnels ne sera recherchée.

Le SRPJ n’a essayé aucun rapprochement avec les dizaines de témoins qui ont déposé dès les tous premiers jours et qui affirment avoir été en ligne au moment de la catastrophe et, pour certains, qui affirment avoir raccroché juste avant l’arrivée du grand souffle provenant du cratère, à cause de l’apparition du premier bang ou d’autres phénomènes les effrayant.

Cette liste n’a aucun appel après 10h17’00… alors que le listing de l’autocommutateur d’AZF a bien plus de numéros dans la même tranche horaire présentée et que certains de ces numéros ont même démarré après 10h17’00.

Plusieurs questions restent donc sans réponse encore aujourd'hui :
- Ce premier listing correspond-il effectivement à la réponse littérale de la requête demandant des horaires avant 10h17 (soit jusqu’à 10h16’59 inclus), comme si ceux de 10h17, 10h18 ou 10h19 était nécessairement inintéressants ?
- La date de 10h17 associée pourtant au moins au séisme principal de 10h17’56 était-elle suffisante pour caractériser une limite temporelle ?
- Ce listing limité au seul numéro 05 62 11 45 00 serait-il insuffisant pour caractériser tous les appels entrants et sortants de l’usine AZF ?
- Aucun document d’origine n’ayant été communiqué par le SRPJ dans le dossier, ce listing a-t-il été expurgé de certains numéros ?
- Dès les premiers jours, le SRPJ disposait de témoignages de personnes affirmant être en ligne au moment des événements et avoir raccroché juste avant l’explosion d’AZF, pourquoi, alors que des événements inexpliqués par ces témoins étaient mentionnés, ne pas avoir vérifier systématiquement leur dire et les datations à partir des relevés datés précisément des opérateurs téléphoniques ?


III - Le travail des experts judiciaires : absence totale de toute étude


Les experts judiciaires Pierre Mary et Paul Robert ont consacré une seule page au problème des perturbations du réseau téléphonique au moment des événements (pièce D6265 page 26) sans pour autant essayer d’interpréter les datations fournies en heure absolue précise à la seconde près.

Ces experts ont cependant et heureusement joint, en annexe 47 de leur rapport final, le listing des appels sortants de l’autocommutateur de l’usine AZF dont ils n’ont absolument rien fait (pièces D6279 page 60 et 61) et le listing des appels sortants d’AZF repérés par France Télécom (pièce D6279 page 22 et 23).

La société Nextira One fournisseur de Grande Paroisse a noté que l’arrêt final de l’autocommutateur téléphonique d’AZF, à 10h18’09, a subi la coupure et qu’aucune information de défaut n’a été repérée (pièce D6279 page 21).

Aucun autre expert judiciaire ne s’est penché sur la question des datations alors que plusieurs d’entre eux ont réalisé des analyses de témoignages, notamment celles concernant les perceptions successives et chronométrées des deux explosions (Joël Coudrieau d’ATEA dans son rapport en pièce D6716, Didier Bergues de la DGA en D6721 chapitre 3 etc...).

Plusieurs témoins étaient également en communication dans l'usine voisine SNPE et notamment ceux qui affirment avoir perçu un premier bruit leur laissant le temps de bouger et de se protéger avant l'arrivée de la grosse explosion d'AZF. Mais pour cette usine aucune recherche de datation n'a été faite auprès des opérateurs téléphoniques.

Des questions demeurent là aussi sans réponse :

- Pourquoi, de la part des experts, cette absence totale d’analyse des datations téléphoniques pourtant très simple à réaliser ?
- Pourquoi aucune étude des perceptions chronométrées des deux explosions n’a été assortie de vérifications de datations absolues sur les relevés téléphoniques alors que plusieurs témoins ont affirmé avoir été en ligne ?
- Pourquoi les experts n’ont même pas pris le soin de comprendre comment l’autocommutateur d’AZF a pu continuer à fonctionner jusqu’à 10h18’09 alors qu’il a été violemment touché par le souffle général de l’explosion ?


IV - Le travail de Grande Paroisse : un listing renseigné et des demandes sans réponses


Le responsable électricien d’AZF Jacques Palluel et le directeur de l’usine Serge Biechlin ont été les premiers à remarquer l’importance des datations téléphoniques d’AZF dans les confrontations techniques du SRPJ en Mai 2003 (pièce D3360) et en Décembre 2004 (pièces D5257 et D5798).

Le cabinet d’avocats de Grande Paroisse de Me Soulez-Larivière, a aussi sollicité des demandes d’examen de l’autocommutateur suite aux témoignages des perturbations électromagnétiques dans le bâtiment RCU (pièce D4728 page 12). Il ira plus loin en demandant au juge Thierry Perriquet de récupérer tous les repérages d’alarmes sur l’historique de France Télécom pour AZF et les sociétés voisines (pièce D6076).

Aucun réponse de sera retournée par la justice ! Ceci fera l’objet d’une nouvelle demande d’investigation (No 214) en Juin 2005 de la part du Cabinet Soulez-Larivière dans la pièce D6331 page 7.

Grande Paroisse a travaillé les appels sortants du site d’AZF-Toulouse grâce au document de France Télécom dans la pièce D5502. L’expert mandaté par Grande Paroisse, Alain Hodin, a aussi relevé l’importance de la datation tardive de l’autocommutateur en émettant plusieurs hypothèses chronologiques de scénario (Rapport D5672)

La quasi-totalité des appelants a été retrouvée par Grande Paroisse. Certains affirment avoir coupé la communication, d’autres avoir perçu la coupure de l’appel avant l’arrivée de l’explosion d’AZF. La plupart l’ont fait à cause des premiers événements qui ont précédé l’explosion.

Dix appels depuis l’usine étaient encore en cours après 10h17’30.
Sur ces 10 appels, 1 seul a été interrompu avant 10h18’00 à 10h17’57 !
Il s’agit de celui de Pascal Bruler qui affirme avoir perçu la coupure de la communication téléphonique au moment du premier bruit d’explosion sans que lui-même ne raccroche le combiné, et donc ceci bien avant l’arrivée de la grosse explosion d’AZF. Il a aussi remarqué l’extinction de l’écran de son PC à ce moment là. Comme son bureau était alimenté par le poste électrique interne T51, le responsable électricien d'AZF, Jacques Palluel en a déduit que le téléperturbographe avait repéré cette coupure repéré par M. Bruler, et, avant même d’établir la synchronisation absolue proposée par Michel Meunier, avait pensé que l’heure du début des événements du téléperturbographe coïncidait avec cette première phase sonore !

Toutes les autres coupures d’appels volontaires ou non analysées par Grande Paroisse ont eu lieu après 10h18’01, soit plus de 5,5 sec après l’heure officielle de l’explosion d’AZF, la dernière coupure ayant eu lieu à 10h18’09 sur la ligne d’André Vignau.

L’autocommutateur de France Télécom se trouvait à AZF dans le bâtiment de Gestion de Service au niveau du Local Téléphonique (cf photo aérienne ci-dessus) situé à 240 m du centre du cratère (pièce D6266 page 11). Selon les investigations de Grande Paroisse, cet autocommutateur a été retrouvé décroché du mur avec un angle 30°, le mur s’étant lui-même effondré… mais il a montré qu’il a fonctionné jusqu’à 10h18’09.
Dès 2004, Grande Paroisse, à travers son cabinet d’avocat, a sollicité à juste titre un examen de cet appareil pour mieux comprendre ces « capacités de survie » à l’explosion d’AZF et à la coupure électrique de l’usine (pièce D4728 page 12). Cet examen ne sera jamais fait. Grande Paroisse a aussi demandé auprès de la justice que France Télécom fournisse le traçage des alarmes repérées en liaison avec cet autocommutateur. Après une étrange première réponse complètement hors-sujet de France Télécom, il n’y aura aucune autre information à ce sujet.
Etrangement, toutes ces importantes interrogations n'ont pas éré soulevées à nouveau par la Défense lors des deux procès. Le Cabinet d'Avocats Soulez-Larivière a semblé renoncer à remettre en cause la datation officielle de l'explosion d'AZF.


V - Le travail important du mathématicien Jean-Marie Arnaudiès


Suite à ses travaux sur les données sismiques et les témoignages recueillis dans les premiers mois, le professeur agrégé de mathématique, M Arnaudiès, qui a enseigné dans les classes préparatoires du Lycée Fermat, a été le premier à remettre en cause la datation absolue de l’explosion d’AZF qu’il plaçait après 10h18’.
Il a rapidement repéré plusieurs témoignages de personnes au téléphone lors des événements et a pu vérifier sur quelques premiers exemples concrets munis de factures de France Télécom la pertinence de son hypothèse.

M Arnaudiès permit au témoin Piérick Brunel travaillant à AZF la rédaction d’une attestation détaillée permettant aussi de conforter la datation tardive de l’explosion (pièce D2932). Ce témoin est certain d’avoir raccroché au plus tard juste après le premier bruit d’explosion mais, terminant sa conversation avec son correspondant, il a évoqué la possibilité que ce raccroché ait pu avoir lieu au moment ou juste avant ce premier bruit. La fin de communication, pour France Télécom, étant à 10h18’02, le souffle d’AZF arrivant bien après, cela place bien entendu l’explosion d’AZF a une date ultérieure à ces 10h18’02.

M. Arnaudiès mentionna aussi dans ses rapports fournis à la justice le cas du témoin Philippe Efferméant qui lui procura le listing détaillé des appels entrants et les dates exactes liées à sa conversation téléphonique avec le magasin de photographie de M. Rigaud. L’appelé était M. Efferméant. Celui-ci a déposé une attestation judiciaire très précise dans le dossier (pièce D6295 page 40 et 41). Il a raccroché en premier juste avant de recevoir le souffle d’AZF, au moment des premiers effets d’un grondement. Il estime le délai entre le raccroché et le souffle à plus de 3 sec.

Comme M. Efferméant est la personne appelée et comme il a coupé la communication, France Télécom prolonge, pour ses abonnés, de 5 secondes la durée de la communication laissant à l’appelé la possibilité de reprendre dans ce délai la ligne, si l’appelant ne coupe pas entre temps. Ce processus n’existe pas pour les installations avec PABX comme à AZF. La facture détaillée permet d’avoir une datation de coupure à 10h18’18 à la seconde près.

Tenant compte d’une distance de plus de 2 km entre le cratère et l’adresse de M. Efferméant, un délai d’environ 6 sec à moins de 0.5 sec près (vitesse de l’onde de pression proche de celle du son) doit être en plus retiré de cette date. Ceci place la datation de l’explosion du Hangar 221 au plus tôt à 10h18’18 – 5 sec – 6 sec – 3 sec = 10h18’04 à moins de 2 secondes près


Les experts judiciaires n’ont jamais répondu directement à l’étude de M Arnaudiès (D3519 page 27), et ont utilisé des prétextes de datation imprécise absolument injustifiés face au grand écart de temps entre les dates de coupure et l’heure officielle de l’explosion d’AZF. Ils n’ont pas non plus suggéré à la justice d’infirmer ou de confirmer cette datation par d’autres cas de témoins en ligne avec l’accès à leur facture détaillé auprès de France Télécom.

Cela leur était pourtant aisé et aurait permis de consolider de très nombreux témoignages dès les premières semaines. Les experts judiciaires ne pouvaient ignorer l’importance de tels témoignages tracés grâce à des datations précises d’opérateur téléphonique puisqu’ils ont confirmé leur lecture à ce sujet du document de M Arnaudiès.

Cette fuite évidente et étonnante des experts judiciaires devant de tels problèmes de datation, pourtant tracés rigoureusement grâce à France Télécom, est inexplicable et pourrait montrer que cette piste téléphonique dérange énormément leur théorie et qu’ils auraient sciemment ignorer ces types de témoignages pourtant assortis de confirmations techniques solides.


VI - La nouvelle synthèse des datations téléphoniques


Pour compléter ces travaux, des recherches dans le dossier judiciaire ont permis de retrouver les quelques appelants et appelés encore non identifiés par les travaux de Grande Paroisse.

Ceci a permis d’avoir un panel complet des 11 cas de figures recoupant des datations téléphoniques.
Deux appelants demeurent inconnus mais les appelés associés ont été identifiés.
  
Un nouveau témoin a été retrouvé dans le dossier grâce à des communications antérieures similaires utilisant le même numéro destinataire dans la matinée. Le listing fourni par France Télécom dont disposait Grande Paroisse n’avait bizarrement pas la mention de la dernière communication de ce témoin alors que celui des experts judiciaires en disposait. Il s’agit de Gérard Galy qui a confirmé lors de sa seconde déposition auprès du SRPJ avoir bien été au téléphone au moment de l’explosion et avoir perçu une coupure de la communication 1 seconde avant d’entendre le premier bruit d’explosion.

Les premiers témoignages précis de Melle Boujmala, de M. Galy et de M. Vignau ont été déposés avant le 2 Octobre 2001.

Melle Boujmala, située au Sud de l’usine, n’a pas été témoin du premier bang mais elle a bien perçu la coupure téléphonique avant l’explosion du Hangar 221 puisqu’elle a même eu le temps d’essayer de rappeler en vain. Elle a de plus noté le « hachurage » de la communication quelques secondes avant la coupure en étant en communication avec le Gsm de son ami localisé sur un parking de Blagnac. Un tel témoignage aurait dû également suggérer aux experts judiciaires de vérifier auprès des opérateurs Gsm les incidents et les courbes de qualité de communication dont ils disposent en permanence.

Toutes les distances des témoins d’AZF au cratère sont inférieures à 900 mètres, la plus éloignée étant Melle Boujmala à 900 m qui a eu une coupure à 10h18’04. A supposer que l’explosion d’AZF ait coïncidé avec ces coupures, nous déduisons du tableau que pour les 7 appels d’AZF identifiés dont la coupure est après 10h18’01, l’heure de l’explosion est nécessairement pour tous les cas après 10h18’00 à plus ou moins une seconde près. Ce qui contredit fermement la datation officielle de l’explosion de 10h17’55.455.

De plus, les témoins qui ont déposé auprès de la justice sont certains d’un délai supplémentaire de plusieurs secondes entre la coupure téléphonique et l’arrivée de l’onde de pression provenant de l’explosion du hangar 221, même pour ceux dont la coupure repérée est à 10h18’04.

Il apparaît alors évident que l’explosion d’AZF n’a pas pu avoir eu lieu avant 10h18’04 minimum et la datation de la dernière communication associée à la datation de l’autocommutateur laisserait penser que celle-ci a eu lieu après 10h18’05.

Nous ne savons pas si les câbles d’alimentation de l’autocommutateur ont été rompus… mais la date de l’arrêt de l’alimentation de cet autocommutateur n’a pu dépasser les derniers signaux du réseau d’alimentation de cet autocommutateur captés par les téléperturbographes. Il ne dépasse pas 3 secondes après le démarrage du premier événement de ce téléperturbographe d’AZF, événement no 30 (pièce D6269 page 50)

Cette piste téléphonique est donc très riche d’informations et contredit formellement la datation officielle.

Elle remet aussi en cause cette même datation officielle retenue par la défense et déduite de la synchronisation électrique de l’expert mandaté par Total, Michel Meunier (rapport D4879)

Il est surprenant de voir que :

- malgré l’avis des experts très perplexes, nommés par Total, comme M. Alain Hodin,
- malgré des remarques très précises et pertinentes lors de confrontation entre experts et cadres de l’usine AZF, comme M. Biechlin et M. Palluel, sur ces datations téléphoniques,
- malgré une demande d’expertise de l’autocommutateur auprès de la justice par le cabinet Soulez-Larivière, demande qui ne verra pas de réponse avant la clôture du dossier,
- malgré le témoignage très contradictoire du directeur de la SETMI, Mr Haillecourt, qui a vécu l’ilotement électrique daté précisément de son usine d’incinération à 10h17’56.1, plus de 15 secondes avant de percevoir le souffle du Hangar 221 situé à 2,5 km de lui,
- malgré les témoignages du personnel de l’atelier d’ammoniaque (MM Denis et Gamba) qui ont vécu beaucoup d’événements tracés avant l’explosion d’AZF comme les alarmes sur leurs écrans de contrôle,
- malgré tous ces travaux sur les datations téléphoniques de M. Arnaudiès et de Grande Paroisse

la défense a tenu, lors du procès AZF, à ne pas remettre en cause le moindre doute sur la datation officielle de l’explosion d’AZF, estimant que le seul travail de synchronisation électrique de Michel Meunier suffisait à leurs certitudes.

Ce travail de Michel Meunier a pourtant été établi grâce à un unique fichier PC de données électriques séquentiel fourni, selon lui, par Henri Fournet, membre de la Commission d’Enquête Interne de Total, sans en connaître la provenance exacte et sans valeur d’expertise. Nous avons aussi appris grâce à un appel téléphonique auprès de Michel Meunier que ce dernier a été informé par M. Fournet de l’absence de données brutes extraites des téléperturbographes d’AZF à cause de l’effacement inopportun de ces données. Or cet état de fait relaté par M. Fournet était faux et M. Michel Meunier a donc été trompé au moins sur cet aspect technique de départ.
Aucune autre expertise officielle pour cette synchronisation n’a été refaite par la suite même à partir des données brutes issues du téléperturbographe.

Cette attitude contradictoire dans le temps de la direction de Grande Paroisse et de son cabinet d’avocats dénote le soucis majeur de ces derniers à ne surtout pas toucher, au final, à l’association entre la date du séisme principal et celle de l’explosion d’AZF, quitte a dater des dizaines d’autres événements précurseurs touchant surtout le réseau 20 kV d’EDF avant 10h17’50 et ce malgré l’absence de telles traces datées dans ce sens et malgré la présence des deux grandes salves d’incidents électriques repérés par EDF autour de 10h17’56 et 10h18’07.

Ces mêmes acteurs n’ont pas souhaité non plus remettre en cause le scénario rocambolesque des experts judiciaires du mystérieux projectile de 80 kg prenant plus de 11 sec pour atteindre à la verticale, à 250 m de son point de départ, et pour rompre par un étrange effet de fouet, à 10h18’07, la phase 7 de la ligne 63 kV Lafourguette-Pont des Demoiselles. Cette date se rapproche pourtant très bien des 10h18’09 de la fin de vie de l’autocommutateur d’AZF.

Il est à noter que la témoin Antonia Giméno, présente dans le bâtiment RCU affirme (pièce D710) qu’elle venait de commencer l’appel depuis un poste fixe d’AZF vers un numéro hors de l’usine (entreprise Transport Tardet) et être en ligne au moment de l’explosion, ayant eu juste le temps de se présenter. Or on ne retrouve pas trace de cet appel dans aucun des listing d’AZF… ?! Peut-être la durée de l’appel a-t-elle été trop courte pour laisser le temps à son destinataire de l’entendre se présenter et pour obtenir un archivage de France Télécom.

Dans les témoignages , nous avons aussi une communication interne à AZF, qui a pu ne pas se retrouver sur le listing des appels sortant de France Télécom entre Mme Azama (pièce D465) et M. Almaric (pièce D1406) au moment de l’explosion. Selon M. Almaric la communication venait à peine de commencer.
 

Conclusions


Cette piste téléphonique remet donc en cause la datation absolue de l’explosion d’AZF et donc également l’origine du séisme principal, que l’on connaît dans tous les cas de figure à la seconde près autour de 10h17’56 et qui serait arrivé bien avant l’heure de l’explosion d’AZF.

L’heure minimale de l’explosion d’AZF conforme aux témoignages et aux traces téléphoniques serait de 10h18’04. Mais elle pourrait être légèrement ultérieure de quelques secondes entre 10h18’04 et 10h18’07.

Des factures détaillées conservées par des particuliers, des professionnels et par France télécom ou d’autres opérateurs mériteraient d’être récupérées par la justice pour affiner cette première approche tracée dans le dossier  déjà impressionnante dans sa cohérence.

L’absence dans le dossier d’une telle étude de la part des experts judiciaires, pourtant très simple à réaliser, est anormale !

Une demande de réouverture de l’enquête sur cette piste téléphonique paraît donc évidente même si elle se limite à l’étude des documents techniques déjà contenus dans le dossier :

- récupération des datations téléphoniques sur tout Toulouse et pour tout opérateur
- recherche des témoins au téléphone en privilégiant ceux qui ont déjà déposé dans le dossier et ceux qui étaient proches de l’usine AZF.
- recherche de couples de témoins toulousains au téléphone permettant de détecter les auditions téléphoniques de l’explosion en fonction de la distance entre témoins
- recherche statistique sur les datations de coupures permettant de dégager une ou plusieurs phases temporelles caractéristiques
- recherche des datations et des types d’incidents perçus par les systèmes de contrôle interne des opérateurs téléphoniques au moment des événements (relais, informatiques etc…)


ANNEXES COMPLEMENTAIRES

Série complète des 11 communications et témoignages associés dans l’ordre décroissant des dates de fin de communication…

1/ Cas d’appelant et d’appelé extérieurs à AZF

M. RIGAUD, photographe au 6, rue du Rempart Villeneuve à Toulouse
Appelle au 0561145166 Philippe EFFERMEANT, 11 bd des Recollets
Début : 10:16:09, durée : 00:02:09, fin : 10:18:18

Pas de témoignage direct

Philippe EFFERMEANT, travaillant au 5ème étage du 11 bd des Recollets à Toulouse

D6295 p40-41. ATTESTATION JUDICIAIRE du 25 Juin 2002

Le 21 septembre 2001, vers 10 h 15, j'étais dans mon bureau au 1l, Bd des Récollets, immeuble " Belvédère ", au cinquième étage. Je me trouvais face à la grande baie vitrée qui s'ouvre vers le sud-ouest. La, vue depuis cette fenêtre n'est gênée par rien, et donne en arrière-plan sur les Pyrénées, et dans les premiers plans, à moins de  deux kilomètres, sur les usines du pôle chimique AZF, SNPE, ainsi que sur l'usine SETMI. Les seuls obstacles à
une vue totale étaient les arbres en bordure de Garonne, qui empêchaient de voir les parties basses des bâtiments des usines. La vue porte également sur le bras Est de la Garonne, depuis le pont de Garigliano jusqu'au Génie Chimique avant le pont d'Empalot. La fenêtre était fermée, et l'électricité du bureau était allumée. Je venais de travailler sur l'informatique de notre bureau. Alors le téléphone a sonné, j'ai pris la communication, et pour parler avec mon correspondant, je me suis placé près de la fenêtre, tourné vers l'extérieur. J'étais concentré sur la conversation, mais mécaniquement, mon regard portait, sans que j'y pense ni que je le fixe à un endroit parti-
culier, dans cette zone du pôle chimique. Au cours de la conversation, à un moment donné, j'ai pris conscience qu'une énorme fumée noire partait de AZF, très exactement dans la direction de la première tour, celle qui n'existe plus aujourd’hui, devant elle. Cette fumée très noire montait verticalement et s'est élevée en un clin d'œil d'au moins le double de la hauteur de la tour. Simultanément à ces fumées noires qui me faisaient penser à des hydrocarbures (car j'ai déjà vu dans ma vie des incendies d'hydrocarbures, à Gennevilliers), je voyais nettement des flammes oranges sortir dans la direction du milieu de la tour, et j'ai dit à mon correspondant "ça vient d'exploser, je vous rappelle"; comme je disais cela, j'ai ressenti une secousse de l'immeuble en même temps que j'entendais un bruit sourd paraissant venir du sol. Alors j'ai raccroché le téléphone dans l'instant même, et j'ai regardé ce qui se passait. Tout allait très vite : maintenant, c'est un halo blanc léger qui descendait vers le sol autour de la tour, et qui s'étalait horizontalement en se renforçant; les événements suivants se sont précipités en même temps : une grosse déflagration se développait manifestement au voisinage de la tour que je venais de voir en flammes l'instant d'avant, je voyais comme une onde de choc arriver sur nous; l'impression que m'a faite
cette vision de la déflagration peut se décrire assez bien en disant que c'était comme si l'image devant mes yeux se mettait à bouger. Ma dernière vision fut la portion de Garonne sous mes yeux se friser alors qu'elle était lisse
l'instant d'avant, et les arbres au bord de la Garonne se ployer alors qu'ils étaient immobiles l'instant d'avant. J'ai crié " attention ", et j'ai plongé comme pour me réfugier sous mon bureau, mais en fait je ne pouvais pas m'y placer dessous, donc je suis resté à genoux, à côté du bureau et abrité par lui, mains derrière ma tête pour la protéger. J'étais à peine installé dans cette position que les vitres ont explosé, les onduleurs de nos ordinateurs ont fait " clac " et le gros bruit de l'explosion est arrivé. La sécurité de notre immeuble a coupé les compteurs électriques. La panne électrique a été durable, je n'ai pas vu l'électricité revenir, et cette panne a d'ailleurs provoqué d'importants dégâts dans notre informatique. Les dégâts de notre immeuble ont forcé notre organisme à déménager provisoirement rue Jean Bart, immeuble CALLIOPÉ, BP 614, 31317-Labège Cedex (dans Labège-Innopole). mais notre immeuble du Bd des Récollets est en réparation et nous devons bientôt le réintégrer.

Concernant les délais entre les différents événements, voici ce que je peux affirmer. Le délai entre la vision de la grosse fumée noire et la secousse accompagnée du premier bruit sourd semblant venir du sol a été très court,
peut-être 2 secondes tout au plus. Le moment où j'ai raccroché le téléphone est l'instant même où j'ai ressenti cette secousse et ce bruit sourd. Le délai entre ce bruit sourd et l'arrivée dans notre bureau de l'onde de choc qui
fait exploser nos vitres a été un peu plus long. Il m'est difficile de l'évaluer en chiffres, mais j'ai eu le temps de raccrocher le téléphone, de voir le halo blanc descendre de la tour et s'étaler en se transformant en déflagration
qui faisait bouger l'image devant mes yeux, de voir la Garonne se friser et les arbres se ployer, de crier " attention ", de plonger pour me réfugier sous mon bureau, de constater que je ne pouvais pas m'y glisser dessous,
et de m'installer à genoux en mettant mes mains derrière ma tête pour la protéger. C'est donc clairement un délai de quelques secondes mais je me refuse à dire combien, ne l'ayant pas chronométré. Ce dont je suis sûr c'est
que ce délai a été un peu plus long que le délai entre ma vision de la grosse fumée noire et la secousse accompagnée du premier bruit sourd semblant venir du sol.

Concernant la conversation téléphonique, voici des précisions : la personne qui m'avait appelé est Monsieur RIGAUD, photographe au 6, rue du Rempart Villeneuve, 31000 Toulouse, il m'avait appelé à titre privé pour
m'informer qu'un certain devis relatif à mon matériel était prêt. Comme j'étais pour lui (et suis toujours) un client régulier, je l'ai revu entre le 21/9/2001 et la Toussaint 2001. Il se souvenait très bien m'avoir entendu lui dire : "ça vient d'exploser, je raccroche", juste avant que je raccroche mon appareil téléphonique, et il a lui-même raccroché presque aussitôt après.

Fait à Toulouse, le 25 Juin 2002,

Signé : Philippe EFFERMÉANT


2/ André VIGNAU, technicien chimiste à AZF au Laboratoire Central
Appelle au 3336724… Jean-Yves CHENARD, GP Groupement de recherche de Lacq
Début 10:16:15, durée 00:01:54, fin 10:18:09


D729. Déposition du 1er Octobre 2001 à 15H05.

Je suis employé de la société GRANDE PAROISSE depuis 1967 qui à l'époque s'appelait ONIA. Mon travail actuel consiste en l'assistance à la fabrication de résines servant dans l'industrie du bois et assistance à la clientèle.
Mon bureau se trouve au 2° étage du laboratoire central situé à proximité de la gare de triage. ---
Le 21 septembre 2001, lors de l'explosion, je me trouvais dans mon bureau.
Je téléphonais quand j'ai entendu une première explosion dix fois moins forte que celle qui allait suivre trois ou quatre secondes après. J’étais au téléphone avec un de mes chefs qui est à PAU quand la communication a été coupée dès la première explosion. Je me suis aussitôt abrité avec les mains sur le bureau quand la seconde déflagration, extrêmement puissante, a brisé toutes les fenêtres de mon bureau. Je n'ai pas été blessé. Je suis sorti après avoir pris mon casque. Je n'ai pas senti d'odeur particulière. Je vous précise que l'électricité a été coupée en même temps que le téléphone.
Mr CHENARD

Témoignage recueilli par Grande Paroisse (D5502)

J'étais effectivement en conversation téléphonique avec Mr VIGNAU : la communication a été simplement coupée. Ne réussissant pas à rappeler A. VIGNAU j'ai cru à un quelconque problème de liaison téléphonique.

3/ Fatiha BOUJMALA, opératrice de fabrication à AZF à l’atelier RF-ACD
Appelle le 0603283048 son ami depuis le fixe d’AZF
Début : 10:17:19, durée : 00:00:45, fin : 10:18:04

D761. Déposition du 2 Octobre 2001 à 10h25

Je me trouvais sur le site, dans la salle de contrôle du service R.F, juste avant l'explosion, j'étais au téléphone, j'appelais un portable, la communication était hachurée. Mon interlocuteur se trouvait à l'arrêt sur un parking à BLAGNAC. Le début de la conversation était claire, puis elle est devenue hachurée, celle ci a durée une minute à peine. J'ai raccroché, j'ai rappelé et je suis tombée sur la messagerie, j'ai raccroché. Ensuite, je me souviens, d'un tremblement puissant, les murs du bâtiments ont bougé. Je me suis réfugiée dans un angle de mur. J'ai mis le masque à gaz et le casque et je suis sortie. Les vitres et le faux plafond de la salle de contrôle où je me trouvais sont tombés, la salle se situant à l'intérieur du bâtiment, elle ne donne pas à l'extérieure.
Pour ma part, je n'ai entendu qu'une seule explosion, juste après, presque simultanément, avec les tremblements. Je n'ai pas été blessé dans cette catastrophe, juste ma voiture présente sur le site à souffert.
Je me réfugiée dans un bungalow. Ensuite je suis ressorti pour aller dans les bureaux qui étaient détruits.
Puis le personnel R.F A.C.D s'est regroupé sur le parking situé devant les bureaux RF. Nous avons secourus les blessés de nos secteurs. Puis je suis partie.


Son ami

Pas de témoignage


4/ Liliane BENITO (fax ?)
Appelle au 0240386747 Poste du bureau de Christophe VINCENT (Agence Grande Paroisse de Basse Indre)
Début 10:16:55, Durée : 00:01:08, Fin : 10:18:03

Pas de témoignage

Il a été impossible d’identifier un appelant oral à AZF.
Mais ce numéro ayant déjà apparu quelques minutes avant et se terminant au bout d’une trentaine de secondes, il est possible qu’il s’agisse de l’envoi d’un fax qui a pu se terminer à temps ou qui a pu être interrompu.
Le cas précédent avec le même numéro montrerait alors que Mme Liliane Benito était à l’origine de ce cet envoi.
Son témoignage (D342) ne confirme pas qu’elle était au téléphone mais il n’infirme pas qu’elle avait enclenché dans la minute précédant les événements un fax. Ceci serait peut-être encore vérifiable auprès d’elle si ses souvenirs sont encore précis.

L’appelé dont le nom a été proposé par la personne liée au numéro du poste qui était absent ce jour là, n’a pas pu confirmer cet appel téléphonique. L’hypothèse du fax est pour l’instant la plus pertinente d’autant que le listing du PABX encore tracé avant 10h00 montre des durées de transmission de fax très similaires.


5/ Pierick BRUNEL, responsable de l’exploitation informatique d’AZF
Appelle au 0144320500 Mlle JEANJOSEPH
Début : 10:15:16, durée : 00:02:46, fin : 10:18:02

D5145. Audition du 18 mars 2004, à 9H20, par le juge sur le terrain

--- Nous nous sommes transportés route d'Espagne, face à la porte A de l'usine AZF à TOULOUSE, le 18 mars 2004, à 9 heures 20.
--- En présence de M. Pierick BRUNEL, témoin, lequel prête serment de dire la vérité,
--- Nous nous transportons à l'endroit où se trouvait M. BRUNEL au moment de
l'explosion, en rez de jardin, dans le bureau administratif, bâtiment 112, bureau 119.

Je me trouvais au téléphone vers 10 heures 15, assis à mon bureau, le dos à la fenêtre. J'étais face à l'OUEST, j'avais appelé depuis une dizaine de minutes environ une employée de la société LEBIHAN à PARIS (dont je vous communiquerai le nom et les coordonnées téléphoniques); à un moment donné, nous avons interrompu la conversation car elle s'est rendue dans la pièce voisine pour rechercher des documents , mais j 'ai gardé le combiné à la main.
C'est dans ces conditions que j'ai ressenti une première détonation sourde, que je situerais plutôt dans mon dos, c'est à dire vers l'Est, dans que je puisse être plus précis sur son origine et sa localisation.
Ce bruit m'a fait penser à celui provoqué par la mise à l'air brutale d'un vérin pneumatique mais de façon démesurée, comme j'avais déjà pu l'entendre au cours de mes études pendant les cours d'automatisme.
Dans le même temps, j'ai ressenti aussi une vibration au sol et j'ai immédiatement raccroché le téléphone.
J'ai constaté alors que l'écran de mon ordinateur était noir, ce qui m'a laissé penser que le courant électrique avait été coupé. Je précise qu’il s'agissait d'une sorte de réflexe professionnel, car en cas de coupure de courant, la partie électrique de la salle machine qui est en permanence sous onduleur risque de s'arrêter, compte tenu de sa faible autonomie (environ 10 minutes) ; il était donc impératif pour moi de me rendre dans cette salle pour procéder à l'arrêt des serveurs.
C'est ce que j'allais faire, après avoir raccroché le combiné. J'ai quitté mon bureau et j'ai fait quelques pas pour me rendre vers l'exploitation, c 'est alors que j 'arrivais au niveau de la porte de liaison avec l'autre pièce que j'ai ressenti une deuxième explosion.
Plus exactement, j'ai constaté que la lumière du jour s'obscurcissait, il y avait de la poussière partout autour de moi, je me suis retrouvé au sol sans pouvoir préciser aujourd'hui si j 'ai été projeté ou si c 'est par réflexe que je me suis ainsi accroupi.
Au bout d'un certain temps dont je ne peux évaluer la durée, je me suis relevé pour évacuer .
J'estime à environ une dizaine de secondes le temps qui s'est écoulé entre le premier événement, que je qualifie de claquement sec, démesuré, de détonation, et le second, plutôt un grondement.
C 'est cette différence que j 'essaie d'exprimer entre les deux événements que j'ai perçu ce jour là.

--- Nous chronométrons le temps écoulé entre les deux événements décrits par le témoin, selon ses indications : 14 secondes.


Mme JEANJOSEPH

Témoignage recueilli par Grande Paroisse (D5502)

Elle a été appelée par BRUNEL qui lui a demandé un renseignement.
N'ayant pas l'info sur le champ elle devait le rappeler plus tard. La première conversation s'est terminée normalement. Par la suite elle n'a pas pu rappeler BRUNEL.


6/ inconnu
Appelle au 0561316834 Mr CALVET basé à Cégelec mais erreur de no et transfert possible vers M. Hil
Début : 10:12:45, durée : 00:05:17, fin : 10.18:02

Pas de témoignage

Mr CALVET

Témoignage recueilli par Grande Paroisse (D5502)

Le numéro de Mr HIL de CEGELEC est très voisin (0561316034) et CALVET aurait pu être appelé par erreur. Mr CALVET aurait pu transférer sur Mr HIL : mais HIL était en réunion chez SNPE... Mr CALVET était dans son bureau au moment de l'explosion du B221 (aucun souvenir de téléphone juste avant ou en même temps).
Il a ressenti 2 impacts : d'abord une onde par le sol puis une onde transmise par voie aérienne.


7/ Alain SABADIE, maintenance informatique, bât 112 d’AZF au sous-sol,
Appelle au 0662259862 Mme FILIPPO, depuis le poste fixe d’AZF
Début 10:10:53, durée 00:07:09, fin 10:18:02

Témoignage recueilli par Grande Paroisse (D5502)

Le vendredi 21 Septembre 2001 à 10 heures environ, je me trouvais dans mon bureau lorsqu’il y a eu cette terrible explosion. Ce dernier est situé du côté sud de l'usine, juste avant l'entrée C et qui est orienté nord/sud. La paroi extérieure derrière mon dos est dans l'alignement du lieu central de l'explosion.
Alors que je téléphonais, assis normalement à mon bureau j'ai ressenti un choc au niveau des épaules, en plein milieu du dos, au début j'ai pensé que quelqu'un me tapait sur l'épaule et une ou deux secondes plus tard, je me suis retourné et j'ai vu que la fenêtre avait disparu, je me suis immédiatement jeté sous le bureau, ensuite un grand boum a retenti.
J'ai entendu qu'un seul boum. J'ai attendu une vingtaine de secondes et lorsque je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de chaleur, je me suis redressé.  J'ai constaté que mon index droit saignait abondamment et je suis sorti du bâtiment ou attendait des collègues choqués pour la plupart. Je me suis transformé en secouriste et je suis rentré dans mon bâtiment, j'ai secouru Mme TERRUEL qui était inconsciente et qui fait partie malheureusement des décédés.  Dans un premier temps le SAMU m'a fait un pansement et le soir un chirurgien de la clinique du Parc m'a posé neuf points de sutures.


Mme FILIPPO, 77 rue Planas à Toulouse

Témoignage recueilli par Grande Paroisse (D5502)

Elle était au téléphone quand elle a entendu un boom qui lui a fait penser à une voiture heurtant son balcon. Ce bruit venait de l'extérieur et non pas du téléphone. Elle a entendu ce bruit juste avant que Mr SABADIE lui dise que nous avions un problème. Mr SABADIE lui a dit : je te rappelle on a des problèmes et il a raccroché. Mme FILIPPO dit avoir ressenti des vibrations de son logement 5 à 6 secondes après le boom. Elle n'a pas entendu d'autre bruit.
Mr FILIPPO a appelé sa femme pour lui dire qu'il allait bien.

8/ inconnu
Appelle au 0473319010 l’organisme APAVE de Clermont Ferrand
Début 10:17:23, Durée : 00:00:38, Fin : 10:18:01

Pas de témoignage

Un appel similaire vers le même destinataire a eu lieu à 10h14’27 pour une durée de 31 secondes. Mais le PABX ne permet pas d’identifier l’appelant et le type d’appel, la mémoire du PABX des 100 derniers appels n’ayant pas été fixée.
La courte durée de 31 secondes pourrait suggérer également l’envoi d’un fax.


9/ Gérard GALY, chimiste à AZF, au Laboratoire Centrale, 2ème étage face à l’Est
Appelle au 0561431295 la société INTELCOM
Début 10:16:31, durée 00:01:30, fin 10:18:01

D421 et D4839 : Déposition du 28 septembre 2001 et du 15 Juin 2004

Le 21 septembre 2001, je me trouvais au laboratoire central d'AZF au 2ème étage. Vers 10H15, j'étais au téléphone assis à mon bureau face à l'EST, une grande baie vitrée dans mon dos.
A un moment, la communication téléphonique a été coupée. Dans la seconde qui a suivie, une première explosion. Un bruit sec et court, accompagné d'un grand souffle qui m'a poussé vers l'avant. Je me suis retrouvé à quatre ou cinq mètres dans le couloir où je me suis couché. C'est là, trois à quatre secondes après, que s'est produite la deuxième explosion beaucoup plus forte. Un bruit plus sourd, plus puissant, plus violent.
A la première explosion, les vitres avaient éclaté, mais à la seconde tous les plafonds, les portes, toutes les armoires sont tombés, le bâtiment à bougé, comme dans un tremblement de terre. Je suis sorti rapidement à l'extérieur entre le bâtiment de l'administration usine et le laboratoire.

Et c'est là qu'avec plusieurs de mes collègues, nous avons décidé de sortir de l'usine par la porte C car il n'y avait plus d'infirmerie.

Dès notre arrivée à l'extérieur, entre les deux bâtiments dont je viens de vous parler, en levant la tête j'ai vu, ainsi
que mes collègues un hélicoptère pas très haut. II était de couleur bleue marine. Il tournait et est ensuite parti dans une direction dont je ne me souviens plus.

--- Combien de temps a séparé la ou les explosions et le moment ou vous avez aperçu cet hélicoptère ?

Sans être formel, je l'estime à trois ou quatre minutes. C'est à dire le temps de descendre deux étages dans les gravats du laboratoire. Je n'ai pas vu d'objet quelconque sous l'hélicoptère. Je n'ai pas relevé d'autres détails de cet hélico. Je n'ai pas vu ses occupants. C'était un petit hélicoptère genre de celui utilisé par la Gendarmerie.
Je dois vous dire qu'à ce moment-là nous ne savions pas que c'était AZF qui avait explosé.
Après le passage de l'hélico il y a eu beaucoup de fumée ou de poussière dont nous ne pouvions déterminer l'origine, qui semblait venir plutôt du nord de l'usine.


10/ M BERNARDI
Appelle au 0562071433 Christian BESSIERE (coopérative Ile Jourdain)
Début : 10:15:52, durée : 00:02:09, fin : 10:18:01

Témoignage recueilli par Grande Paroisse (D5502)

II est dans son bureau au rez de chaussée du bâtiment 112. II entend un premier bruit sourd alors qu'il est au téléphone. Il n'y prête pas d'attention particulière.
Au second bruit, il est projeté au sol et dit lâcher le combiné sans le vouloir.
Il dit que c'est Mr BESSIERE qui parlait au moment des faits.


Christian BESSIERE

Témoignage recueilli par Grande Paroisse (D5502)

II a entendu un brouhaha dans le téléphone juste avant que ça coupe. Ce brouhaha serait un bruit bref. Pour lui c'est Mr BERNARDI qui parlait au moment où ça a coupé.

11/ Pascal BRULER

Appelle au 0562135737 Patricia secrétaire de CTRA à Cugnaux
Début : 10:17:16, durée : 00:00:41, fin : 10:17:57

Témoignage recueilli par Grande Paroisse (D5502), Déposition D1050 très succincte

II était au téléphone assis sur son bureau , situé dans la zone bungalow , au nord d'I4. Son interlocuteur est la secrétaire de la société CTRA , basée à CUGNAUX.
Pour lui la coupure du téléphone a lieu en même temps que la première explosion. Il ne souvient pas avoir raccroché le combiné. Dans un premier temps cette explosion lui paraît être celle d'une bouteille de gaz. II se lève et dispute son magasinier qu'il pense être à l'origine de l'explosion : il lui dit 2 à 3 phrases. Son magasinier s'appelle Mr Joseph GRIFIT.
Avant l'explosion suivante il ressent un tremblement de terre. Il y a peut-être eu des dégâts consécutifs à la 1ère explosion mais il n'est pas sûr. Ensuite se produit une seconde explosion plus puissante que la première : il se souvient surtout d'être plaqué au sol. Une armoire métallique lui est tombé dessus : il a reçu une décharge électrique qu'il explique par la chute simultanée d'un néon sur cette armoire. 4 autres personnes de CTRA se trouvaient au voisinage de Mr BRULET : MM SAUVAGE, CARIZO, FOURCADE et PISCO. 3 autres CTRA se trouvaient côté ACD : MM ABELON,JOSE,DUPIRE).


Patricia

Témoignage recueilli par Grande Paroisse (D5502)

Pour elle le téléphone a été coupé brutalement sans bruit particulier préalable.
Très rapidement après, elle a entendu un premier bruit externe relativement faible par rapport au suivant. Simultanément l'éclairage a baissé d'intensité.
Un second bruit est arrivé ensuite, beaucoup plus important..., elle pensait à un problème sur un compresseur dans leur atelier de CUGNAUX.

vendredi 19 juin 2015

AZF : L'imposture judiciaire du bang sismique


Voici l’extrait (page 171 et 172) de l’arrêt de la cour d’Appel du 24 septembre 2012 qui met en avant la théorie du bang sismique proposée par la responsable sismologue de l’Observatoire Midi-Pyrénées de Toulouse (OMP), Annie Souriau, dès le 26 septembre 2001, pour expliquer la survenance d’un premier bruit d’explosion plusieurs secondes avant l’énorme bruit de l’explosion d’AZF. Cette théorie a été adoptée par les experts judiciaires de l'affaire AZF, les juges d'instruction, les juges des procès etc... alors que Mme Souriau n'a jamais été nommée expert.

Cette théorie du "bang sismique", véritable première mondiale en sismologie, étrangement imposée en toute hâte, le 26 septembre 2001 est une véritable imposture.

Voici, à travers la lecture détaillée de l’arrêt d'Appel du 24 septembre 2012, une idée des anomalies, des erreurs, des amalgames, des confusions et des mensonges, que ce volet sismologique judiciaire a osé pondre comme "la position de la cour sur les analyses scientifiques".

Il est fort heureux que c'est arrêt ait été cassé par la cour de cassation le 13 janvier 2015, mais l'imposture sismologique demeure dans la mesure où toute l'enquête judiciaire d'AZF-Toulouse s'est basé sur celle-ci !


« La position de la cour sur les analyses scientifiques

 L'Observatoire Midi Pyrénées (OMP) qui appartient au Réseau National de Surveillance Sismique, a enregistré au moyen d'un sismographe au rebut placé dans un laboratoire situé à 4,2 kms de la source les ondes émises le 21 septembre 2001 dans la matinée. Les sismologues de l'OMP sous la direction de Mme SOURIAU, elle-même directrice de recherches au CNRS, ont corrigé les imperfections de l'appareil et entrepris l'exploitation des données enregistrées.
Les résultats de leurs travaux ont donné lieu à une note publiée dans les compte rendus de l'Académie des Sciences de mars 2002. L'étude en question fait apparaître que l'explosion qui s'est produite le 21 septembre 2001 sur le complexe chimique au sud de TOULOUSE a engendré des ondes élastiques équivalentes à un séisme de magnitude proche de 3,4 enregistrées par les stations sismologiques du Réseau National de Surveillance Sismique. Elle présente une analyse précise des enregistrements qui s'appuie sur les éléments connus de la structure régionale et sur une modélisation par sismogrammes synthétiques.
La note comporte une étude détaillée basée à la fois sur les enregistrements des stations sismologiques du RSSP et sur l'enregistrement de l'OMP qui s'est avéré de bonne qualité après correction. Selon cette étude, les signaux des enregistrements «Pyrénées » mettent en évidence plusieurs arrivées d'énergie, des arrivées d'énergie sismiques et un signal acoustique correspondant à une propagation dans l'air arrivant en fin d'enregistrement.
Elle mentionne que les deux explosions perçues par la population à une certaine distance peuvent correspondre l'une à la propagation de l'explosion par le sol (la plus rapide) l'autre à la propagation par l'air, la différence de temps entre les deux devant alors augmenter avec la distance à la source. Le rapport précise que si une autre explosion a eu lieu, elle n'a pas engendré de signal sismique détectable (elle n'était pas couplée au sol, ou était d'énergie trop faible).
Devant la cour, Mme SOURIAU a présenté les missions de l'équipe de sismologie de l'OMP, l'appareillage concerné par l'analyse du laboratoire (un enregistreur en test et un sismographe au rebut) et les corrections relatives au temps et aux amplitudes effectuées sur le matériel.
Elle a confirmé que le signal sismique s'explique bien par une seule explosion qui s'est propagée dans le sol et est obligatoirement associée à la formation du cratère, et que les phases multiples sont dues à la multiplicité des trajets des ondes sismiques au sol.
Elle a confirmé que l'énergie de l'onde P enregistrée par l'OMP était suffisante pour que la conversion sol-air des déplacements sismiques génère des sons. Elle a précisé que si le premier bang est dû à l'onde sismique, la différence de temps entre les deux bangs doit augmenter avec la distance, alors que s'il y a deux explosions distinctes, la différence de temps entre les deux bangs doit rester constante avec la distance.
Elle en a conclu que s'il y a eu une autre explosion, elle est soit trop petite pour avoir donné un signal sismique, soit non couplée au sol et que le signal sismique a vraisemblablement pu donner un son bien audible jusqu'à une distance d'une vingtaine de kilomètres.
Elle a également confirmé que les sismographes n'ont enregistré aucun signal précurseur avant celui créé par l'explosion du 221. »



I - "L'Observatoire Midi Pyrénées (OMP) qui appartient au Réseau National de Surveillance Sismique, a enregistré au moyen d'un sismographe au rebut placé dans un laboratoire situé à 4,2 kms de la source les ondes émises le 21 septembre 2001 dans la matinée."


Le mot « rebut » signifie en fait :
  • que le sismographe n’était pas enterré et qu’il était posé par terre sans être destiné à mesurer des signaux,
  • qu’une des deux composantes horizontales n’étaient pas du tout installée correctement dans l’appareil,
  • que la calibration des amplitudes des signaux perçus n’était pas du tout connue,
  • que l’origine des temps n’était également pas calée sur une horloge absolue,
  • que l’orientation de l’appareil n’était pas précise non plus,
  • et que cet appareil n’a jamais été saisi, conservé ou même photographié pour les besoins de la justice en 2001.
Ca fait beaucoup pour considérer que cet appareil toulousain valait beaucoup mieux que l'ensemble des dizaines de sismographes des réseaux nationaux à trois composantes parfaitement horodatés et dédié justement aux études sismologiques !


II - "Les sismologues de l'OMP sous la direction de Mme SOURIAU, elle-même directrice de recherches au CNRS, ont corrigé les imperfections de l'appareil et entrepris l'exploitation des données enregistrées."


Ces corrections n’ont jamais fait l’objet du moindre rapport technique, de la moindre expertise, et n’ont jamais été certifiées. Seule la parole de Mme Souriau, jamais nommée expert, permet de garantir la qualité de ces corrections. 

En réalité, ces corrections ne sont pas du tout fiables et encore moins précises. Elles ont jalonné le cours de l’instruction avec des correctifs imposés par des petites notes ou des auditions de Mme Souriau, jusqu’en octobre 2004. 

Elles ont été multiples et parfois contradictoires. Elles n’ont parfois été communiquées qu’à la justice sans que l’Académie des Sciences ou la communauté scientifique n’en soient publiquement averties.

Voici quelques exemples :

II.1 - Le calage horaire absolu a été fourni sans aucun document l’attestant. Aucune date précise de début des signaux n’a été fournie avant l'audition du 15 octobre 2004 de Mme Souriau (pièce D5020). Aucune expertise n’a été déclenchée pour certifier ce recalage horaire pourtant essentiel pour cette théorie sismologique et pour la vérité. En fait, seules les légendes des courbes des sismographes permettent une évaluation approximative de ce calage horaire.

II.2 - Il existe deux versions différentes du calage horaire. La première, communiquée le 28 septembre 2001, démarre les signaux à 10h17’44 (pièce D842).


La seconde version d'horodatage absolu, proposée en mars 2002, démarre environ 1.2 secondes plus tard à 10h17’45.181 (pièce 1966 page 8).


La première idée précise de ce second calage horaire a été fournie indirectement en mars 2002 avec la date des arrivées d’ondes P proposée à 10h17’56.86 selon Mme Souriau (pièce D1967 page 2).


Mais cette datation d’arrivée des ondes premières, nommées ondes P, à 10h17'56.86, contredit le seul document publique qu’elle a soumis à la DRIRE le 28 septembre 2001 et au Ministère de l'Environnement le 31 octobre 2001, à savoir 10h17’57.68" selon les repérages de ses courbes.

Un écart de 0.82 seconde, à la vitesse sismique locale des ondes P de 3 km/s, contrôlée en 2004 lors des tests sismiques, représente 2460 mètres d'écart géographique, pas moins !


Mme Souriau a proposé deux valeurs différentes d’incertitudes sur cette datation absolue. Une est maximalisée à 0.05 secondes dans le rapport publique de l’Académie des Sciences. L’autre est proposée à 0.02 secondes dans le cadre de ses auditions à la justice et de l’exploitation de cette précision par les experts judiciaires depuis 2002. Cette imprécision de 0,05 sec représentent déjà 150 mètres d'écart à la vitesse des premières ondes sismiques entre le cratère et l’OMP (environ 3km/s).

II.2 - Il existe deux versions de fichiers Titan des courbes sismologiques de l’OMP : le fichier Titan 1 et le fichier Titan 2 nommés ainsi par la défense. Le premier propose une durée d’enregistrement de 0,4 secondes plus longues que le second. De plus, le démarrage des signaux n’est pas le même pour chacun des fichiers et le fichier Titan 2 a vu 2 secondes rognée (128 échantillons / 62,5 Hz) sur son démarrage par rapport au premier fichier Titan 1. Aucune date absolue ou non recalée des démarrages de ces signaux n’a été communiquée avec ces fichiers.


II.4 - Mme Souriau a proposé jusqu’en 2004, une amplitude maximale des signaux sismiques de 0.5 mm/sec (vitesse particulaire), que ce soit pour les fichiers Titan1 ou Titan 2 et dans ses articles de l'OMP-DRIREet de l'Académie des Sciences.


Puis, le 15 octobre 2004, lors de son audition auprès du juge Thierry Perriquet, elle divise arbitrairement cette amplitude d’environ 5 fois, ramenant celle-ci à 0.1 mm/sec.


Cette dernière amplitude d'environ 0.1 mm/sec sera celle exploitée en 2004 et 2005 par les experts judiciaires et les sapiteurs suite aux tests sismiques de l’été 2004. Cette amplitude plus faible permet d’obtenir une amplitude de la seconde phase sismique dite "acoustique" inférieure à 0.02 mm/sec. Cette valeur est bien entendu plus réaliste pour faire croire à des effets sismo-acoustiques. Comme en 2001, aucune explication technique n’est fournie pour justifier ce changement de calibrage, arbitraire et absolument pas argumenté et encore moins certifié.


Ce nouveau calibrage pose, en revanche, de sérieux problèmes de comparaison avec les amplitudes de sismogrammes homologués des réseaux nationaux. En effet, cette amplitude maximale de 0.100 mm/sec est quasiment la même que celle mesurée en 2004 lors des tests sismiques de 35 kg de charges de TNT enterrées, qui n’ont bien entendu jamais déclenché de séisme significatif comme en 2001 (0.0698 mm/sec). La magnitude d'environ 3.4, exceptionnelle pour un séisme issu d'une explosion au sol, mesurée par les réseaux sismologiques nationaux et internationaux, est extrêmement loin de celle autorisée par la préfecture et à peine perceptible lors des tests sismiques sécurisés de l'été 2004 (magnitude <1.5). Ce nouveau calibrage est donc complètement aberrant et ne pouvait être validé par la justice.
 

II.5 - L’orientation de l’appareil a été aussi changée par Mme Souriau de quelques degrés d'angle, et ce à deux reprises. La dernière des deux corrections est l’une des rares qu’elle a communiquée à la fois à la justice et au milieu scientifique. Mais cette correction ne repose sur aucune preuve matérielle, ni sur aucune photographie prise à l’OMP.

II.6 - Mme Souriau a caché l’existence de la troisième composante du sismographe de l’OMP à la justice qu’elle n’a jamais étudiée, prétextant que cette composante était inopérante. En réalité, si l’amplitude de ces signaux est anormalement très faible par rapport aux deux autres composantes, elle n’en est pas moins lisible et présente des premiers pics d’ondes de compression exactement calés temporellement sur les pics de la composante verticale. Elle a tenu à indiquer, dès les premiers jours, que « la composante horizontale manquante, perpendiculaire à la direction AZF-OMP, a peu d’intérêt dans le cas d’une source explosive (pas d’onde de cisaillement) ». Là encore, l’arbitraire passe avant le raisonnement scientifique.

Voici un extrait exploitable de la 3ème composante issu du rapport de Michel Stasi de 2003.



III - "Les résultats de leurs travaux ont donné lieu à une note publiée dans les compte rendus de l'Académie des Sciences de mars 2002. L'étude en question fait apparaître que l'explosion qui s'est produite le 21 septembre 2001 sur le complexe chimique au sud de TOULOUSE a engendré des ondes élastiques équivalentes à un séisme de magnitude proche de 3,4 enregistrées par les stations sismologiques du Réseau National de Surveillance Sismique. Elle présente une analyse précise des enregistrements qui s'appuie sur les éléments connus de la structure régionale et sur une modélisation par sismogrammes synthétiques."


Il est surprenant de voir que les juges d’Appel ont oublié, dans cet arrêt, l’existence de la première note de Mme Souriau communiquée le plus officiellement possible à la DRIRE dès le 26 septembre 2001 (pièce D842). C’est cette note qui a imposé la thèse du bang sismique dès les premiers jours. Cette note a permis d’éliminer de l’enquête judiciaire déclenchée le 28 septembre 2001, les recherches de l’origine de la première explosion.

La thèse de l’accident chimique, où tout démarre au hangar 221, thèse fortement suggérée par le Procureur Michel Bréard, s’appuie, en grande partie, sur cette notion du bang sismique. Cette note fait mention d’une quasi-certitude sur le bang sismique car Mme Souriau affirme que « les premiers témoignages recueillis favorisent l’interprétation de deux bangs dûs à une seule explosion. ». 

Mme Souriau n’a jamais communiqué ces témoignages recueillis lui indiquant une augmentation des délais en fonction de la distance au cratère. Ce rapport OMP-DRIRE a été également le seul document sismologique utilisé (en annexe G) par l’Inspection Générale de l’Environnement pour l’affaire AZF-Toulouse fin octobre 2001. 

Les juges ont aussi oublié d'évoquer ce rapport commandé par le Ministère de l'Environnement. L'article de l'Académie des Sciences, dont parle les juges, a paru plus tard, en Février 2002, et a rapidement été intégré au dossier judiciaire en mars 2002.

Des conclusions déposées par des parties civiles ont demandé à la cour de répondre sur l’occultation par Mme Souriau de ces témoignages inconnus. Même si dans ces notes, Mme Souriau laisse ouverte la voie de confirmation par de nouveaux témoignages, c’est bien cette thèse du bang sismique, absolument pas étayée qui a fait « force de loi » dès le 26 septembre 2001 pour l’ouverture de l’enquête et qui continue à faire « force de loi » dans cet arrêt du 24 septembre 2012. Aucune réponse sur cette demande de la part de ces juges !


IV - "La note comporte une étude détaillée basée à la fois sur les enregistrements des stations sismologiques du RSSP et sur l'enregistrement de l'OMP qui s'est avéré de bonne qualité après correction."


Ces corrections ne présentent aucun rapport détaillé, aucune datation absolue clairement affichée, elles n’ont fait l’objet d’aucune expertise, d’aucune nomination d’expert sismologue, elles cumulent erreurs, incohérences et approximations, elles ne sont absolument pas des corrections de bonne qualité. 

Cette affirmation des juges est purement gratuite et repose, de plus, sur le refus effectif et conscient de ne répondre à aucune des questions précises et importantes soulevées dans les nombreuses conclusions communiquées par des parties civiles.

Des parties civiles ont demandé des explications sur la différence notable entre les durées d’enregistrement de 9 des 18 sismogrammes du réseau national sismologique RéNaSS fournies par Mme Souriau dans ses rapports de 2001 et 2002. Ces durées sont étrangement écourtées dans les publications détaillées du RéNaSS alors que les courbes générales et imprécises des rapports de l’OMP montrent ces mêmes courbes beaucoup plus longues, au-delà de 10h19. 

Les juges, incapables de savoir ce qu’est une vraie étude sismologique, semblent donc ignorer également cette anomalie grave qui est passé à travers ces « fameuses » études détaillées de Mme Souriau. Les juges ont pourtant été alertés par les conclusions des parties civiles et n’ont nulle part répondu.




V - "Selon cette étude, les signaux des enregistrements «Pyrénées » mettent en évidence plusieurs arrivées d'énergie, des arrivées d'énergie sismiques et un signal acoustique correspondant à une propagation dans l'air arrivant en fin d'enregistrement."


Confusion des juges d’Appel... ! Jamais les enregistrements « Pyrénées » du réseau RéNaSS n’ont mis en évidence le signal acoustique en fin d’enregistrement. D’abord, les enregistrements de ce réseau sont trop courts pour cela car le signal acoustique a mis plusieurs minutes pour atteindre les Pyrénées. De plus, l’échantillonnage de 62,5 Hz des sismographes et la précision de l’amplitude ne le permettrait quasiment pas. 

Les juges confondent avec l’enregistrement de l’OMP à 4,2 km du cratère. 

La Direction des Applications Militaires du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA-DAM), en revanche, disposant de sismographes fonctionnant 24h/24 de bien plus forte précision, a pu localiser ces signaux sismo-acoustiques. Les experts judiciaires géophysiciens et Mme Souriau qui écrit avoir tout vu avec le CEA-DAM dès fin septembre 2001, n’ont pas cherché à étudier ces données sismiques de qualité. 

Seul le rapport de 2006 des experts géophysiciens de Total (D7042) permet de voir et de dater approximativement ces signaux acoustiques visibles sur des graphiques sommaires du CEA-DAM. 

Les juges font donc référence à des données que les experts judiciaires n’ont même pas analysées, ni mentionnées.



VI - "Elle mentionne que les deux explosions perçues par la population à une certaine distance peuvent correspondre l'une à la propagation de l'explosion par le sol (la plus rapide) l'autre à la propagation par l'air, la différence de temps entre les deux devant alors augmenter avec la distance à la source."


Encore une erreur de nos juges… ! La perception d’un bruit sismique n’a rien à voir avec la perception d’un « bang » comme beaucoup de témoins et des enregistrements l’ont relatée. 

En effet, les hautes fréquences d’un bruit d’explosion, tout comme n’importe quelle autre haute fréquence générée directement par l’onde de choc d’une charge explosive, sont absorbées à très faible distance par le sol et ne peuvent donc voyager au-delà de quelques mètres. 

Toutes les expériences d’explosions au sol de grosses charges ont montré que le bruit issu de cette propagation sismo-acoustique était très sourd, à de très basses fréquences.

Ces basses fréquences sont, de plus, physiquement, incapables de se convertir brutalement en haute fréquence en remontant à la surface. Ni Mme Souriau, ni les experts judiciaires n’ont pu montrer le moindre document scientifique démontrant l’apparition de hautes fréquences d’origine sonore surgissant du sous-sol comme un « bang ». 

Lors de séisme naturel, des bruits de grondement, d’explosion sourde, sont perceptibles. 
Beaucoup de témoins entendent aussi le bruit des structures humaines impactées par les ondes sismiques. Ce bruit de bâti ou d’objets peut bien entendu avoir des fréquences plus hautes mais il n’est pas à confondre avec le bruit sismique direct. Rien n’a donc empêché des témoins d’entendre ces bruits de structures humaines mais les témoins de ce premier bruit, situés dehors, ou très proches du cratère (moins de 300 mètres) n’avaient, eux, aucune raison d’entendre le moindre « bang sismique » direct ou indirect.

Mme Souriau en imposant cette théorie inédite, jamais retrouvée dans aucune publication scientifique, savait à l’avance que des confusions avec le bruit du bâti seraient sur-exploitées, mais elle a tenu à imposer ses témoignages « invisibles » dès son rapport destiné à la DRIRE afin d’éviter l’étude prioritaire sur les témoignages extérieurs et les témoignages proches du cratère. 

Les juges d’Appel reprennent donc intégralement cette stratégie mensongère et perverse dans cet arrêt, souhaitant comme les experts judiciaires couper court à toute autre recherche d’explication du premier bang.

Cette erreur des juges est d’autant plus surprenante qu’ils ont eu la chance d’entendre un témoin scientifique du CNRS, cité par des parties civiles, M Alain Joets, qui a publié, lui aussi, à l’Académie des Sciences, la réfutation de la thèse du bang sismique de Mme Souriau. Encore un silence total à ce propos dans l'arrêt en réponse aux conclusions des parties civiles. C'est tellement plus simple de ne pas répondre aux conclusions !


7 - "Le rapport précise que si une autre explosion a eu lieu, elle n'a pas engendré de signal sismique détectable (elle n'était pas couplée au sol, ou était d'énergie trop faible)."


Ce raisonnement n’est valable que si l’on suppose que le premier signal sismique est bien celui de l’explosion du hangar 221 et donc que seul un bruit de fond précède ces premiers signaux. Or, sans même chercher à la démontrer, Annie Souriau, les rapports du CEA-DAM ou les experts judiciaires ont toujours supposé comme acquise l’association du séisme de magnitude 3.4 avec l’explosion du hangar 221 et la formation du cratère d’AZF. Etrange ! 

Aucun d'entre eux n’a cherché à démontrer scientifiquement cette association à partir des données sismiques du 21 septembre 2001. Notamment, la vérification du positionnement de l’épicentre principal est réalisable à partir de la connaissance et de la comparaison des vitesses des premières ondes de compression, très aisément repérables au 1/100ème de seconde près, sur tous les sismographes à moins de 200 km. 

Ce contrôle très simple de la version officielle sismique permet de constater des écarts de vitesses énormes entre les stations à l'Ouest et à l'Est. Certaines de ces vitesses moyennes sont carrément en dehors des limites de 5700 à 6300 m/sec ! 

Mme Souriau a même triché de plus de 1,21 seconde sur une des datations d'ondes P par rapport aux données du RéNaSS (sismographe de Labassère dans les Hautes-Pyrénées). 

Elle a rajouté dans ses calculs des données espagnoles de stations très éloignées et donc encore moins précises. 

Plus aberrant encore, Mme Souriau a aussi mélangé des données de précisions différentes comme 0.01 sec pour le RéNaSS, 0.50 sec pour l'OMP et 0.10 seconde pour le réseau LDG du CEA Militaire, alors que, si elle l'avait voulu, toutes ces datations auraient pu être prises en compte à 0.01 seconde près ! Un vrai massacre anti-scientifique !

Une vérification par comparaison sur les vitesses d’ondes P du réseau pyrénéen permet de se rendre compte qu’un séisme principal au niveau du cratère à l’heure imposée des experts judiciaires est impossible alors qu’il l’est sous la colline de Pech David, 2 km à l’Est

Cité par des parties civiles le 13 décembre 2011, j'ai pu révéler à la cour le problème des vitesses d’ondes P incompatibles avec les affirmations péremptoires de Mme Souriau et expliquer pourquoi l'épicentre principal était nécessairement sous la colline de Pech David. Là encore silence total de la cour. Le témoin peut parler mais aucune discussion scientifique ne peut être abordée en sismologie !



Cette hypothèse de l’épicentre principal associé arbitrairement au hangar 221 d'AZF élimine donc automatiquement la seule hypothèse jamais évoquée par Mme Souriau ou les experts judiciaires : le principal signal sismique ne pourrait provenir que d’une explosion souterraine profonde

Une explosion souterraine ou même un effondrement de galerie pourrait expliquer à la fois la forte magnitude de 3.4, l'absence de trace notable au sol, les fortes ondes S de cisaillement et toutes les anomalies relevées sur les courbes de l'OMP.  

Ce séisme principal serait alors suivi, quelques secondes plus tard, par un second signal sismique, beaucoup plus modeste, issu de l’explosion en surface du hangar 221 et très difficilement détectable sur le réseaux national du RéNaSS (magnitude <1.8). 

La seconde phase dite « acoustique » du sismographe de l’OMP, situé à 4,2 km, pourrait être, en fait, l’effet sismique de l’explosion du hangar 221

Une troisième phase sismo-acoustique due à l'onde de choc aérienne existe bien sur les courbes de l'OMP mais elle serait visible à condition d'étudier de manière précise ces courbes, en tenant compte d'une amplitude maximale calibrée au moins à 5 mm/sec. Cette amplitude des courbes de l'OMP serait, elle, compatible avec les amplitudes des réseaux nationaux et avec la magnitude de 3.4.


VIII - "Devant la cour, Mme SOURIAU a présenté les missions de l'équipe de sismologie de l'OMP, l'appareillage concerné par l'analyse du laboratoire (un enregistreur en test et un sismographe au rebut) et les corrections relatives au temps et aux amplitudes effectuées sur le matériel. Elle a confirmé que le signal sismique s'explique bien par une seule explosion qui s'est propagée dans le sol et est obligatoirement associée à la formation du cratère, et que les phases multiples sont dues à la multiplicité des trajets des ondes sismiques au sol."


Là encore, les juges reproduisent un amalgame grossier suggéré par les rapports de Mme Souriau et du CEA Militaire. La multiplicité des trajets des ondes sismiques existe bien mais elle n’exclut aucunement la superposition de plusieurs phases sismiques provenant de sources sismiques différentes. Mme Souriau n’a donc absolument rien prouvé. Elle devait d’abord démontrer que le séisme principal était nécessairement issu de l’explosion du hangar 221. Elle ne l’a pas fait alors que cela lui était facile techniquement si elle disait vrai !

Ces mêmes documents sismologiques n’ont jamais été exploités avec objectivité et de manière exhaustive. Il serait, ainsi, très intéressant de connaître et d’exploiter, l’ensemble des enregistrements sismiques de la matinée de ce 21 septembre 2001, appartenant à l’ensemble des réseaux sismologiques : enregistreur OMP avec ces 3 composantes, données entières (non censurées) du RéNaSS, données ultra-précises du CEA Militaire et données des systèmes anti-sismiques des centrales nucléaires d’EDF dont Golfech.

Qui, dans ce monde judiciaire, sait que le RéNaSS et le CEA-DAM ont repéré des ondes cisaillement, incompatibles avec cette « seule explosion », à plus de 800 km de Toulouse ?! 

Un repérage de ces ondes de cisaillement (ondes S) pouvait encore à 500 km du cratère permettre au CEA Militaire une évaluation de la magnitude. Ce point contredisant les affirmations de Mme Souriau et demandant des explications dans des conclusions, a, la aussi, été nié par les juges d'Appel.








IX - "Elle a confirmé que l'énergie de l'onde P enregistrée par l'OMP était suffisante pour que la conversion sol-air des déplacements sismiques génère des sons."


« Elle a confirmé »… mais elle n’a jamais rien démontré encore ! N’étant même pas nommée expert dans ce dossier par aucune des parties, le fait de confirmer ses dires n’a aucune valeur de preuve. Sans rapport d’expertise, les convictions des juges d’appel au sujet des dires de Mme Souriau n’ont donc aucune assise !

Si « l’ énergie de l’onde P était suffisante », comment Mme Souriau et les juges peuvent-ils alors expliquer que l’amplitude de ces ondes mesurées à l’OMP le 21 septembre 2001, est quasi-similaire à celle des ondes P des tests de 2004 concernant des petites charges enterrées de 35 kg de TNT. 

Les tests sismiques de l’été 2004, pour des raisons de sécurité, ne pouvaient dépasser une magnitude de 1,5. La magnitude de 3,4 mesurée en 2001, correspond donc à une énergie de 500 à 1000 fois plus grande que celle engagée en 2004… Il y a contradiction flagrante ! Les juges ne la voient pas ?

Toutes les études du collège des experts judiciaires menées par M. Jean-Louis Lacoume, après les tests sismiques de l'été 2004, ont évacué, dès le départ, toute exploitation des amplitudes qu'elles soient celles des courbes de 2001 ou de 2004 : une aberration scientifique scandaleuse et révélatrice pour ce collège d'experts.

En réalité l'amplitude des courbes de l'OMP est énorme (>5 mm/sec) et permet de visualiser, en heure absolue, 2 phases sismiques pures à 9 secondes d'intervalle, 10h17'57.7 et 10h18'06.6 et une phase sismo-acoustique encore 11 secondes plus tard à 10h18'17.3. Les conclusions de parties civiles ont clairement exigé des réponses sur ce point des amplitudes resté inexpliqué.

Ce n’est pas parce que la défense n’a pas relevé précisément les arnaques sismologiques de Mme Souriau, du CEA Militaire dès 2001 et celles des experts du collège de Jean-Louis Lacoume en 2004-2005, que ces conclusions de parties civiles ne méritent pas de réponses. 

Les Toulousains ne le mériteraient-ils pas non plus ?


X - "Elle a précisé que si le premier bang est dû à l'onde sismique, la différence de temps entre les deux bangs doit augmenter avec la distance, alors que s'il y a deux explosions distinctes, la différence de temps entre les deux bangs doit rester constante avec la distance."


Frôlons-nous l’incompétence des juges pour lire de tels raisonnements ?

Ce raisonnement limite les hypothèses à la survenance de deux bruits d’explosions localisés au même endroit. Est-ce forcément le cas ? Et bien non !

Si un premier bruit a eu lieu à 1200 mètres à l’Est du cratère, il sera perçu avec 3 secondes d’avance par les témoins de l’Est et 3 secondes de retard par les témoins de l’Ouest, d’où des écarts de temps entre les perceptions d’explosions pouvant dépasser 6 secondes selon les témoignages.

Les juges ont donc repris intégralement le raisonnement inepte du premier rapport OMP-DRIRE de Mme Souriau.

De plus, Mme Souriau suppose qu’un bruit sismique pourra sans problème être perçu à de grande distance… ce qui est complètement contraire à toute réalité géophysique. Encore une allégation anti-scientifique de Mme Souriau, reprise ici in-extenso par nos juges !

La déperdition d’énergie dans le sous-sol est extrêmement rapide, même pour des bruits sourds de quelques hertz de fréquence. L’énergie, à partir de quelques mètres de distance de la source, n’est plus suffisante pour restituer un effet sonore largement audible.

Le premier bang des enregistrements sonores de Air-France Montaudran, de l’Hôtel Dieu, de l’Urssaf, pris souvent comme le bang d’un mur du son par les témoins présents très interloqués, sont à plus de 2,5 km ou jusqu’à 4 km pour Air-France. 

Si la déperdition d’énergie permettait cela, à moins de 1 km du cratère, le premier bruit aurait été énorme, même en survenant près d’une seconde avant celui d’AZF. Dans ce rayon de 1 km, tous les témoins auraient vécu un double bang rapproché. Ce ne fut pas le cas pour la très grande majorité. On ne compte pas le nombre de témoins qui, à cette distance, ont pu évaluer un écart de temps entre les deux bruits de 5 à 10 secondes, écart complètement incompatible avec la théorie du bang sismique.


XI - "Elle en a conclu que s'il y a eu une autre explosion, elle est soit trop petite pour avoir donné un signal sismique, soit non couplée au sol et que le signal sismique a vraisemblablement pu donner un son bien audible jusqu'à une distance d'une vingtaine de kilomètres. Elle a également confirmé que les sismographes n'ont enregistré aucun signal précurseur avant celui créé par l'explosion du 221."


Ces dernières lignes résument la prise en compte à 100% par ces juges d’Appel, des deux principales arnaques portant sur le « bang sismique » et sur l’association du séisme principal à l’explosion du hangar 221.

Plus prudent, le juge Thomas Le Monnyer, en première instance, avait été réticent à mettre en évidence, dans son jugement, tous les dires de Mme Souriau. Ici, alors qu’aucun élément nouveau en sismologie n’a été proposé par Mme Souriau ou par les divers experts et sapiteurs, ces juges s’appuient à nouveau largement sur les assertions de cette sismologue de l’OMP, tout comme l’avait fait en septembre 2001, le procureur Michel Bréard. Ces juges y étaient obligés car ils souhaitaient affirmer péremptoirement qu’aucune explosion n’a pu avoir lieu avant celle du hangar 221, laissant, contrairement au premier procès, aucun petit pourcentage de doute à une piste explosive antérieure.



Conclusion

Peut-on encore, à notre époque, subir de telles méthodes judiciaires et anti-scientifiques !

Y-a-t-il un sismologue sur cette planète suffisamment honnête, courageux et objectif pour regarder les données sismiques du 21 septembre 2001 ?

Ah... j'oubliais...! Mme Souriau a obtenu du service juridique du CNRS que les courbes sismologiques de l'OMP, matière première essentielle de son article publique de l'Académie des Sciences de mars 2002, ne soient jamais rendues accessibles sans autorisation de la justice. 

Une vraie première dans le monde de la publication scientifique ! 

Des parties civiles qui ont demandé ces courbes au premier président de la cour d'Appel, Dominique Vonau, avant le procès, n'ont pas réussi à récupérer le moindre extrait copié de ces données !

La sismologue Annie Souriau serait-elle devenue, à elle toute seule, un Etat dans l'Etat grâce à cette affaire AZF-Toulouse ?

 
 Explosion de 100 tonnes de TNT, le 22 janvier 2006 :
exemple de bruit sismique sourd avant le son de l'explosion.